histoire 26092022

Histoire 26092022« 

Histoire

Charles Quint, Empereur du Saint-Empire romain germanique, roi d’Espagne et héritier des Habsbourg d’Autriche, est un personnage historique fascinant. Né en 1500 à Gand (Belgique), il devient le souverain le plus puissant de la première moitié du XVIème siècle. Son empire gigantesque réunit des peuples de cultures et de langues différentes.

Son règne est marqué par de nombreux conflits avec les autres puissances européennes et mondiales, notamment le roi de France François 1er. La bataille historique de Pavie en 1525, où François 1er est défait et fait prisonnier, débouche sur des traités et une série de guerres entre les deux souverains.

Par ailleurs, Charles Quint fait face à la montée du protestantisme, avec les princes allemands qui se réclament des idées de Martin Luther. Après des défaites et des accords, la paix d’Augsbourg est signée en 1555, légalisant le protestantisme au sein de l’Empire.

Épuisé, Charles Quint abdique en 1556 et meurt en 1558 dans un monastère espagnol où il s’était retiré.

Une figure complexe et influente de l’histoire européenne, Charles Quint laisse une empreinte durable sur le continent.

A Rome, le palazzo Colonna, l’une des plus somptueuses demeures privées de Rome

Le palais, aujourd’hui encore propriété de la famille Colonna, doit sa fondation au pape Martin V, qui ramena à Rome le siège pontifical après la captivité d’Avignon. Des transformations successives menées tout au long du XVIème siècle en firent un palais austère semblable à une forteresse, aspect qui devint moins agressif au XVIIème siècle, pour être ensuite définitivement modifié par les restaurations du siècle suivant. Le palais abrite une collection de plus de 200 tableaux, installée dans un intérieur baroque somptueux.

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Éphéméride 5 février 1626 naissance de Mme de Sévigné

Femme de lettres française née à Paris en 1626, morte à Grignan dans la Drôme le 17 avril 1696, Marie de Rabutin-Chantal est la petite-fille de Jeanne de Chantal, qui fonda l’ordre de la Visitation avec François de Sales.

Elle perd son père en 1627, puis sa mère en 1633 puis trois de ses grands-parents. Elle est élevée par son grand-père, puis à la mort de ce dernier ce sont ses deux oncles l’abbé Philippe de la Tour de Coulanges, qui possédait un château à Sucy, près de Paris et Christophe de Coulanges le « Bien-Bon » qui lui donneront une instruction et une éducation exemplaires.

La légende veut que Ménage et Chapelain aient été ses maîtres. Mais ces importants personnages ne formèrent son esprit qu’après son entrée dans le monde.

En 1644 Marie de Rabutin-Chantal a dix-huit ans, quand elle épouse Henri de Sévigné, de trois ans son aîné. Ce dernier, léger et dépensier, lui donnera deux enfants : Françoise-Marguerite en 1646 et un garçon en 1648. En 1651 son mari Henri trouve la mort lors d’un duel. Veuve à vingt-cinq ans, elle décide de se consacrer exclusivement à sa vie mondaine et à l’éducation de ses enfants.

Le 27 janvier 1669, la marquise de Sévigné marie sa fille Françoise-Marguerite au comte de Grignan. Ce dernier est nommé en septembre lieutenant-général en Provence. Sa femme l’accompagne. C’est à cette circonstance que nous devons les Lettres (1671-1696) de Madame de Sévigné.

Mille cinq cents lettres environ, seront adressées principalement à sa fille madame de Grignan, mais aussi à son fils Charles, à son cousin Bussy-Rabutin, à ses amis Madame de Pomponne, le cardinal de Retz La Rochefoucauld, le philosophe Corbinelli, qui fut son lecteur, Madame de La Fayette, Madame Scarron…

Ces lettres connues de son vivant ont souvent été copiées et transmises de main en main. Leur première publication eut lieu en 1726. La petite-fille de la marquise, madame de Simiane les censura et en fit publier une édition plus complète de 1734 à 1737. En 1820 on découvrit une copie de 1055 pages qui fut à la base de l’édition des Grands Écrivains de la France. Ce sera sur la découverte en 1872 d’un recueil de quatre volumes que s’appuieront les éditions modernes.

La marquise de Sévigné mourut le 17 avril 1696, à Grignan, où elle était venue soigner sa fille, gravement malade.

Il n’est nullement démontré que les buts vers lesquels tend l’humanité soient la liberté, l’égalité, l’évolution ou la civilisation.

(LA GUERRE ET LA PAIX). Tolstoï

BONS BAISERS KROPOTKINIENS DE RUSSIE

 6 Juillet 2023 

De tous les “grands” noms des révolutionnaires anarchistes, Kropotkine est l’un des rare à être régulièrement cité et parfois mis en avant par des “non-révolutionnaires”. Ce qu’il leur plaît c’est son livre “l’Entraide”.
Très bon livre. A première vue, super bien s’il se popularise. Tant mieux. Surtout que ce livre détruit le concept socio-darwiniste du néolibéralisme ( ex : « il faut évoluer » comme des pokémons?)

Mais Kropotkine c’est un tout, cela ne s’arrête pas à de la solidarité. Kropotkine c’est aussi le renversement des injustices par la lutte, c’est combattre la morale ambiante qui pèse sur l’individu.

C’est la destruction de ce système économique, des institutions religieuses pour établir l’Egalité sociale et la liberté individuelle et collective. On ne peut ignorer, sans devenir un charlatan et un escroc, qu’anarchiste, Kropotkine milite pour le communisme anarchiste ( entendre : une mise commun sans hiérarchie étatique). Ce combat contre les injustices morales et sociales de l’État et du Capitalisme passe par l’Expropriation des richesses.. Expropriation qui est la pierre angulaire de la solution collective, aussi bien concernant les inégalités économiques que les drames écologiques. On est loin de la secte Rabhi avec son histoire pathétique de colibri à seau d’eau ! Kropotkine, lui,envoie les canadairs! Et détruit la source du problème.

La pensée de Kropotkine est vaste, avec beaucoup de concepts intéressants, il serait difficile de le résumer rapidement sans en oublier des parties. Nous encourageons donc à aller droit au textes, à son œuvre.

Sans l’idée d’expropriation,il est difficile de comprendre Kropotkine, voici un extrait du dernier chapitre de « Paroles d’un Révolté » :

« ,,,
Il s’agit, pour nous, d’abolir l’exploitation de l’homme. Il s’agit de mettre fin aux iniquités, aux vices, aux crimes qui résultent de l’existence oisive des uns et de la servitude économique, intellectuelle et morale des autres. Le problème est immense. Mais, puisque les siècles passés ont légué ce problème à notre génération ; puisque c’est nous qui nous trouvons dans la nécessité historique de travailler à sa solution tout entière, nous devons accepter la tâche. D’ailleurs, nous n’avons plus à chercher à tâtons la solution. Elle nous a été imposée par l’histoire, en même temps que le problème ; elle a été dite, elle se dit hautement dans tous les pays de l’Europe, et elle résume le développement économique et intellectuel de notre siècle. C’est l’Expropriation ; c’est l’Anarchie.

,,,Seule, l’expropriation générale peut satisfaire la multitudes des souffrants et des opprimés. Du domaine de la théorie il faudra la faire entrer dans celui de la pratique. Mais pour que l’expropriation réponde au principe, qui est de supprimer la propriété privée et de rendre tout à tous, il faut qu’elle s’accomplisse en de vastes proportions. En petit, on n’y verrait qu’un vulgaire pillage ; en grand, c’est le commencement de la réorganisation sociale.

,,,À chaque grand événement de l’histoire correspond une certaine évolution dans la morale humaine. Certes la morale des égaux n’est pas la même que celle du riche charitable et du pauvre reconnaissant. À un nouveau monde il faut une nouvelle loi, et c’est bien un monde nouveau qui s’annonce. Nos adversaires eux-mêmes ne le répètent-ils pas sans cesse ? « Les dieux s’en vont ! Les rois s’en vont ! Le prestige de l’autorité disparaît. » Et qui remplacera les dieux, les rois, les prêtres, si ce n’est l’individu libre, confiant dans sa force ? La foi naïve s’en va. Place à la science ! Le bon plaisir et la charité disparaissent. Place à la justice ! »

KROPOTKINE

En 1860, les disputes de Sissi et Franz deviennent de plus en plus fréquentes. Mais plutôt que de montrer leur mésentente en public, l’impératrice décide de faire semblant d’être malade. Elle souffrait vraiment d’une dépression nerveuse à l’époque, mais elle aggrave son cas en faisant de très longues marches à pied et beaucoup de gymnastique.

Sissi s’enlaidit. Elle tousse et pleure beaucoup. Elle fait tout ce qu’elle peut pour que les médecins lui disent qu’elle doit partir loin de Vienne, vers un pays plus chaud. Et enfin, le moment arrive. Sissi choisit Madère, une île au large du Portugal : elle veut être le plus loin possible de l’empereur.

Le 17 novembre 1860, Sissi part à bord du yacht que la reine d’Angleterre, Victoria, lui a prêté. Quand elle arrive à Madère, subitement, Sissi se sent beaucoup mieux. Elle ne tousse plus du tout et reprend des forces.

Pour passer le temps, elle s’occupe de ses perroquets et de ses chiens, elle joue de la mandoline et elle fait des promenades. Elle joue aussi aux cartes avec le comte Imre Hunyady, qui était fou amoureux d’elle, comme beaucoup d’hommes à l’époque.

En mai 1861, Sissi, qui va beaucoup mieux, repart pour Vienne, même si elle n’en a pas du tout envie. Elle retrouve son mari et ses enfants, qu’elle n’a pas vus depuis six mois.

Mais quelques jours plus tard, l’impératrice redevient malade. Elle ne dort même plus et ne se nourrit pas. L’empereur n’a plus le droit d’entrer dans sa chambre, elle le lui interdit. Les médecins pensent que cette fois, la mort de Sissi est proche…

À PROPOS DU FAMEUX/FABULEUX TAJ MAHAL…

* Le célèbre mausolée de marbre blanc construit par le cruel empereur musulman Shâh Jahân, né le 5 janvier 1592 à Lahore (empire moghol, aujourd’hui au Pakistan), en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam, aussi connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan « lumière du palais ».

* Mumtaz meurt le 17 juin 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant… alors qu’elle accompagnait son mari pendant une campagne de conquête militaire… L’époux lui, mort le 31 janvier 1666, est inhumé auprès d’elle.

* La construction du mausolée commence en 1631. Selon Abdul Hamid Lahori, chroniqueur officiel de Shâh Jahân, le Taj Mahal est achevé entre la fin de 1643 et le début de 1644. Une inscription dit aussi qu’elle s’est achevée en 1648, ou en 1654 pour l’État indien d’Uttar Pradesh qui a célébré le 350ème anniversaire de l’édifice en 2004.

* Le terrible chantier aurait mobilisé 22.000 esclaves… ainsi que des maîtres artisans venus d’Europe et d’Asie centrale…

* Voilà ce que le touriste doit savoir, avant d’aquaplanr devant À PROPOS DU FAMEUBULEUX TAJ MAHAL…

* Le célèbre mausolée de marbre blanc fut construit par le cruel empereur musulman Shâh Jahân, né le 5 janvier 1592 à Lahore (empire moghol, aujourd’hui au Pakistan), en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam, aussi connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui signifie en persan « lumière du palais ».

* Elle meurt le 17 juin 1631 à 38 ans, en donnant naissance à leur quatorzième enfant, alors qu’elle accompagnait son mari pendant une campagne de conquête militaire… L’époux est dévasté… Mort le 31 janvier 1666, est inhumé auprès d’elle.

* La construction du mausolée commence en 1631. Selon Abdul Hamid Lahori, chroniqueur officiel de Shâh Jahân, le Taj Mahal est achevé entre la fin de 1643 et le début de 1644. Une inscription dit aussi qu’elle s’est achevée en 1648, ou en 1654 pour l’État indien d’Uttar Pradesh qui a célébré le 350ème anniversaire de l’édifice en 2004.

* Le terrible chantier aurait mobilisé 22.000 esclaves… ainsi que des maîtres artisans venus d’Europe et d’Asie centrale, pendant plus de 10 ans…

* Voilà ce que le touriste doit aussi savoir, avant d’aquaplaner devant le mausolée !

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Condorcet (français, 1743-1794)

Mathématicien, spécialiste des questions économiques et pédagogiques. Paradoxalement, il théorise les progrès de l’esprit humain en prison, alors que les révolutionnaires le séquestrent dans le dessein de le guillotiner. Pour éviter de subir la mort, il se suicide dans sa cellule.

Pas de limites pour le progrès humain

Si l’on se borne à observer, à connaître les faits généraux et les lois constantes que présente le développement de ces facultés, dans ce qu’il a de commun aux divers individus de l’espèce humaine, cette science porte le nom de métaphysique.

Mais si l’on considère ce même développement dans ses résultats, relativement à la masse des individus qui coexistent dans le même temps sur un espace donné, et si on le suit de générations en générations, il présente alors le tableau des progrès de l’esprit humain. Ce progrès est soumis aux mêmes lois générales qui s’observent dans le développement individuel de nos facultés, puisqu’il est le résultat de ce développement, considéré en même temps dans un grand nombre d’individus réunis en société. Mais le résultat que chaque instant présente dépend de celui qu’offraient les instants précédents, et influe sur celui des temps qui doivent suivre.

Ce tableau est donc historique, puisque, assujetti à de perpétuelles variations, il se forme par l’observation successive des sociétés humaines aux différentes époques qu’elles ont parcourues. Il doit présenter l’ordre des changements, exposer l’influence qu’exerce chaque instant sur celui qui le remplace, et montrer ainsi, dans les modifications qu’a reçues l’espèce humaine, en se renouvelant sans cesse au milieu de l’immensité des siècles, la marche qu’elle a suivie, les pas qu’elle a faits vers la vérité ou le bonheur. Ces observations, sur ce que l’homme a été, sur ce qu’il est aujourd’hui, conduiront ensuite aux moyens d’assurer et d’accélérer les nouveaux progrès que sa nature lui permet d’espérer encore.

Tel est le but de l’ouvrage que j’ai entrepris, et dont le résultat sera de montrer, par le raisonnement et par les faits, qu’il n’a été marqué aucun terme au perfectionnement des facultés humaines ; que la perfectibilité de l’homme est réellement indéfinie ; que les progrès de cette perfectibilité, désormais indépendante de toute puissance qui voudrait les arrêter, n’ont d’autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés.

Sans doute, ces progrès pourront suivre une marche plus ou moins rapide, mais jamais elle ne sera rétrograde ; du moins, tant que la terre occupera la même place dans le système de l’univers, et que les lois générales de ce système ne produiront sur ce globe, ni un bouleversement général, ni des changements qui ne permettraient plus à l’espèce humaine d’y conserver, d’y déployer les mêmes facultés, et d’y trouver les mêmes ressources.

Esquisse d’un tableau historique du progrès de l’esprit humain (1795).

Histoire

68 dates de la France du Moyen Âge à connaître

Par Adrian – Publié le 15/02/2023

Cette chronologie est bien sûr incomplète et se concentre surtout sur la politique, mais vous permettra peut-être d’apprendre des choses.

 Sommaire

496 : baptême de Clovis

Le roi franc Clovis (~481 ~ 511) se convertit au christianisme à une date, en un lieu et dans des circonstances qui restent mal connus. Les sources historiques se rapportant à l’événement (« baptême de Clovis ») sont en effet réduites. Le seul texte contemporain au baptême de Clovis est une lettre que lui adresse l’évêque de Vienne, Avit (m. début du VIe siècle), pour le remercier de l’invitation à la cérémonie. Avit y loue la conversion de Clovis :

La divine Providence a trouvé un arbitre à notre temps. Le choix que vous faites pour vous-même, vous l’indiquez à tous : votre foi, c’est notre victoire.

La victoire que salue Avit est celle du christianisme dans sa version orthodoxe, le courant romain professé par le clergé gallo-romain (le christianisme nicéen ou trinitaire) dans lequel s’est engagé Clovis, contre l’arianisme. Cet autre courant du christianisme, considéré comme hérétique par le christianisme romain, a les préférences des Burgondes, qui dominent la vallée du Rhône, où officie Avit, et des Wisigoths, installés au sud-ouest de la Gaule et dans la péninsule ibérique.

732 : « Charles Martel repousse les Arabes à Poitiers »

La bataille de Poitiers de 732, défaite pour les envahisseurs, aurait marqué la limite occidentale de l’expansion de l’islam. Par la bataille de Poitiers, la France et l’Europe auraient sauvé leur intégrité. Une date clé du roman national, le maire du Palais Charles Martel obtenant alors le statut de « grand homme ».

Cependant, son déroulement est peu documenté : on connaît mal l’état des forces en présence. En outre, rien ne dit clairement que les musulmans d’al-Andalus, la péninsule ibérique fraîchement conquise par l’empire musulman omeyyade, avait pour intention de conquérir les Gaules. Enfin, elle ne met pas un terme à la présence arabe au-delà des Pyrénées et masque les divisions internes des Francs. Henri Pirenne (1862 – 1935) disait déjà en 1939 dans Mahomet et Charlemagne : 

Cette bataille n’a pas l’importance qu’on lui attribue. Elle n’est pas comparable à la victoire remportée sur Attila. Elle marque la fin d’un raid mais n’arrête rien en réalité. Si Charles avait été vaincu, il n’en serait résulté qu’un pillage plus considérable.

Il faut néanmoins replacer la bataille dans son contexte : celle d’une série de défaites pour les armées musulmanes, celles, notamment, de Toulouse en 721 ou de Convadonga en 722, qui témoignent d’une perte de l’élan conquérant qui avait permis aux armées arabo-berbères de s’emparer la péninsule ibérique. La bataille de Poitiers retrouve ici son importance. 

754 : Pépin le Bref sacré roi

Le fils de Charles Martel, Pépin dit « le Bref », confirme l’ascension des Pippinides (les futurs Carolingiens) au détriment des Mérovingiens (la dynastie de Clovis). Pépin s’impose comme la figure prédominante de cette famille. Élu roi en 751, Pépin est sacré en 754 sacré par le pape Étienne II. Le royaume des Francs est allié à la papauté.

25 décembre 800 : Charlemagne sacré empereur

Tel Pépin le Bref son père, Charlemagne se pose en protecteur de l’Église. Le 23 décembre 800, à Rome, une assemblée émet le voeu que Charlemagne prît le titre d’empereur. Le 25, jour de Noël, le pape Léon III lui apposa la couronne. Charlemagne, roi des Francs, devient empereur : il devient symboliquement le successeur des empereurs romains.

14 février 842 : serments de Strasbourg

Louis le Pieux, le successeur de Charlemagne en 814, meurt en 840. Comme le veut la tradition franque, les terres sont partagées entre ses fils. Il en a trois, Louis le Germanique, Charles « le Chauve » et Lothaire. Les deux premiers s’allient contre le troisième, le battent à Fontenay-en-Puisaye, puis jurent en 842 à Strasbourg de s’aider mutuellement. La cérémonie de serment étant publique, pour être comprise, doit être récitée en langue romane par Louis et en thiois par Charles. On tire de ce serment, le premier document écrit connu de langue romane, ancêtre très proche du français, qui se sépare du latin vulgaire. La tradition retient la date des serments de Strasbourg comme la date de naissance de la langue française.

843 : traité de Verdun

En août 843, le traité de Verdun entérine la division de l’empire de Charlemagne. Charles obtient les terres de l’Ouest, Louis obtient les terres à l’est du Rhin sauf la Frise, et Lothaire un territoire partant de la mer du nord jusqu’à l’Italie, comprenant Aix-la-Chapelle et Rome. Lothaire reste empereur, mais ce n’est qu’un élément de prestige. L’entité qui naît de ces partages, c’est la Francia occidentalis, « première véritable incarnation de la France politique » (Jacques Le Goff).

880 : la Cantilène de saint Eulalie

Ce texte, un hymne chrétien, est le plus vieux texte littéraire écrit en langue d’oïl, c’est-à-dire en français (la langue qui était parlée au-dessus de la Loire). Ce poème parle du martyre de sainte Eulalie de Merida.

11 septembre 909 ou 910 : fondation de l’abbaye de Cluny

L’abbaye de Cluny n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Fondée au nord-est de Mâcon, en Saône-et-Loire, sur les terres de Guillaume le Pieux, Cluny prend un essor exceptionnel grâce à des lignées de grands abbés talentueux et par son indépendance totale à l’égard des seigneurs : elle ne dépendait que du pape. Ainsi, Cluny, dotée de la plus grande église de la Chrétienté jusqu’à la construction de la basilique Saint-Pierre, devient un centre culturel proéminent en Europe, le fer de lance de la réforme religieuse du XIe siècle, une force de promotion de la règle de saint Benoît et le centre d’un réseau d’abbayes s’étendent à toute la Chrétienté.

911: traité de Saint-Clair-sur-Epte

Le roi Charles III (r. 898 – 922) vainc les troupes du chef viking Rollon près de Chartres en juillet 911. Pour faire cesser les pillages, le roi profite de l’affaiblissement de Rollon pour négocier un traité de pacification : des terres en échange de la reconnaissance de la suzeraineté du roi des Francs et de la christianisation des Vikings. Ce traité est le point de départ symbolique de l’histoire du duché de Normandie, futur conquérant de l’Angleterre sous Guillaume.

966 : fondation de l’abbaye du Mont-Saint-Michel

Un premier sanctuaire est fondé sur cet îlot rocheux en 708 par Aubert, l’évêque d’Avranches, inspiré par des visions de l’archange Michel. Deux siècles plus tard, le duc de Normandie, Richard Ier (943 – 966), y installe une communauté bénédictine, sur le modèle à succès de Cluny. Peu à peu, l’abbaye du Mont-Saint-Michel devient un lieu de pèlerinage important et un centre intellectuel important. Des moines s’y attellent à la copie d’œuvres notables, et à la traduction de livre antiques comme ceux d’Aristote.

L’architecture générale des bâtiments du Mont-Saint-Michel est le résultats de siècles d’additions et de restaurations. L’église abbatialle se situe à 80 mètres de hauteur et s’étend sur une plateforme de 80 mètres de longueur. Au sanctuaire carolingien s’est ajouté du gothique flamboyant (notamment le chœur, reconstruit à partir de 1421). Un village nés de l’afflux de pèlerins se développe. Il est entouré de murailles datant de la guerre de Cent Ans. Le Mont-Saint-Michel a en effet été au cœur des combats entre France et Angleterre au Moyen Âge.

Mais son histoire reflète celle de la France. Les voeux monastiques sont supprimés à la Révolution. Le Mont-Saint-Michel devient un prison pour prêtres réfractaires. En 1811, Napoléon en fait une maison de force. Au XIXe siècle, les bâtiments, vides de religieux, se dégradent. L’abbaye est néanmoins classée monuments historique en 1874, puis fait l’objet de restauration destinées à accueillir le tourisme naissant. Le Mont-Saint-Michel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, attire aujourd’hui plus de 2,5 millions de touristes chaque année. Depuis 1966, une communauté de moines s’y est réinstallée.

987 : Hughes Capet, roi des Francs

En 987, peut-être en juillet, Hugues Capet est élu roi des Francs (Rex francorum) par une assemblée de grands du royaume. L’élection de Hugues Capet donne naissance à la dynastie capétienne, dont le dernier représentant sur le trône de France fut Charles X (1824 – 1830). Hugues Capet associe de son vivant son fils aîné, Robert le Pieux, à son règne. Il héritera ainsi de facto du trône, rendant progressivement l’élection du roi facultative.

1er juin 989 : paix de Dieu au concile de Charroux

Le royauté capétienne est encore balbutiante. Elle n’est pas capable d’imposer un ordre public sur le territoire du royaume. Les seigneurs multiplient les guerres privées entre eux, au détriment du clergé, dont les biens sont spoliés, et des paysans, parfois capturés et rançonnés. L’Église comble le vide avec le mouvement de la « paix de Dieu ». À l’occasion de conciles provinciaux, notamment celui de Charroux (Allier actuel), elle organise des pactes entre les seigneurs pour encadrer la violence. La violation de ces pactes pouvait entraîner l’excommunication. Au sud de la Loire se développe à partir du milieu du Xe siècle le mouvement de la Trêve de Dieu, bannissant la violence pendant certaines périodes. La puissance capétienne prend le relai et impose peu à peu la paix du roi. Elle s’arroge, en quelque sorte, le monopole de la violence légitime.  

Vers 1090 : la Chanson de Roland

La Chanson de Roland est le plus bel exemple de chanson de geste qui nous soit parvenu au Moyen Âge. Ce genre littéraire met en scène les exploits légendaires de héros exemplaires. La Chanson de Roland est une œuvre avant tout orale, diffusée par des trouvères et chanteurs ambulants, qui a été fixée à l’écrit, probablement au XIe siècle. Son auteur est donc inconnu. Il en existe plusieurs versions, créées par la fantaisie des artistes de l’époque. La plus ancienne dont nous disposons est écrite en anglo-normand, l’ancien français parlé par les élites de Normandie qui dominaient l’Angleterre. La Chanson de Roland est donc un des plus anciens textes littéraires en français. Elle raconte l’histoire de Roland, chevalier idéal, qui meurt à la tête de l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne dans une embuscade menée par des Vascons à Ronçevaux, dans les Pyrénées. La mort épique de Roland, provoquée par le félon Ganelon, sera vengée par Charlemagne, souverain érigé en modèle.

1066 : conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant

Guillaume II de Normandie traverse la Manche et conquiert l’Angleterre après sa victoire à la bataille d’Hastings le 14 octobre 1066. Le duc devient roi d’Angleterre jusqu’à sa mort en 1087 et reste dans les mémoires comme Guillaume le Conquérant. Le nouveau roi établit un cadastre général du royaume d’Angleterre, le Domesday Book (le Livre du Jugement dernier), remarquable outil de connaissance pour gouverner. Une nouvelle élite, de culture française, s’installe à la tête de l’Angleterre et s’empare des terres. Elle domine alors une population anglo-saxonne et danoise. Ce remplacement aura des conséquences importantes sur la culture anglaise et sur ses relations avec le royaume de France.

27 novembre 1095 : l’appel de Clermont

Depuis le VIIe siècle, la Palestine, où se trouve Jérusalem, est sous autorité arabo-musulmane. À partir XIe siècle, elle tombe aux mains des Turcs Seldjoukides, musulmans, qui exercent une forte pression sur l’Empire byzantin. La progression turque pousse les Byzantins à demander de l’aide et des mercenaires à l’Occident chrétien. Des envoyés byzantins sont présents au concile de Plaisance en mars 1095.

Urbain II, pape depuis 1088, organise un concile à Clermont en novembre 1095, pour traiter de questions de discipline ecclésiastique. À l’issue de ce concile, deux canons, c’est-à-dire deux règles ecclésiastiques, étendent la paix de Dieu à tout le territoire de l’Église, et promettent la remise de la pénitence pour les péchés à ceux qui partiront délivrer l’Église de Dieu à Jérusalem (Les Croisades, Cécile Morrisson).

Urbain II prononce en conclusion un discours à la foule dans lequel il exhorte les Chrétiens à oublier leurs divisions et de partir délivrer leurs frères en Orient. La foule lui aurait répondu « Dieu le veut ». Cet appel eut un retentissement considérable, aussi bien dans la noblesse que dans les milieux populaires  : il lance la première Croisade. Celle-ci est constituée de deux expéditions :

  • l’une des petites gens dirigée par Pierre L’Ermite et Gautier Sans Avoir ;
  • l’autre, plus organisée, menée par l’évêque du Puy Adhémar de Monteil, rassemblant des nobles venant surtout du royaume des Francs.

Fin du XIe siècle : commentaire de Rachi

Né vers 1140 en Champagne, région d’échanges intenses dans l’Europe du XIe siècle, Rachi, abréviation de Rabbi Salomon Isaacide, est l’un des plus grands commentateurs de la Bible et du Talmud. Son œuvre est poursuivie par ses descendants, les tossafistes. Rachi, installé à Troyes, permet notamment par ses gloses de connaître de nombreux mots d’ancien français (qu’il intègre phonétiquement) dans des champs variés du vocabulaire. Ce rabbin est donc l’un des premiers écrivains connus de langue française.  

21 mars 1098 : fondation de l’abbaye de Cîteaux

La fondation dans une région reculée de Bourgogne de l’abbaye de Cîteaux par des moines de Molesmes dirigés par Robert donne naissance à l’ordre cistercien. Après des débuts difficiles, il connaîtra un développement impressionnant après l’arrivée de Bernard de Clairvaux en 1112. L’objectif de ces moines est de revenir à une plus stricte observance de la règle de saint Benoît : prière, silence total, humilité et travail. Cette volonté de retour aux origines s’oppose à l’épanouissement fastueux de Cluny. L’organisation de l’ordre cistercien est définie par la Carta Caritatis (la Charte de charité), rédigée par Étienne Harding (mort en 1134). Son approbation par le pape bourguignon Calixte II (1119 – 1124) donne naissance à l’ordre. Abandonnée au XIXe siècle après l’interdiction révolutionnaire, l’abbaye de Cîteaux est aujourd’hui occupée par des moines trappistes. L’architecture des abbayes cisterciennes se caractèrise par son dépouillement, dont l’abbaye de Fontenay (fondée en 1119, Côte-d’Or actuelle) est un bel exemple.

1101 : fondation de l’abbaye de Fontevraud

La gigantesque abbaye de Fontevraud (13 hectares) a été fondée en 1101 par le prêcheur Robert d’Arbrissel (mort en 1117) en 1101, non loin de Saumur, dans le val de Loire embelli, quelques siècles plus tard, par une galaxie de châteaux. Cette abbaye a pour originalité d’être mixte. Le message des Évangiles est en effet le même pour tous. Fontevraud devient ensuite un monastère double : moines et moniales sont dans deux monastères voisins sous l’autorité d’un même abbé. Cette disposition permet à de nombreuses femmes de diriger Fontevraud. En 1115, Pétronille de Chemillé devient abbesse. L’histoire des abbesses de Fontevraud se poursuit jusqu’à la Révolution. À partir du XVe siècle, cinq abbesses de  famille des Bourbons, celles du roi de France à partir de Henri IV, sont élues abbesses. L’abbaye de Fontevraud bénéficie dès sa création du soutien de la puissante maison d’Anjou, dont sera issue celle des Plantagenêts, dont l’Empire s’étendra de l’Angleterre au Sud-Ouest de la France. Henri II (roi d’Angleterre de 1154 à 1189), le fondateur de l’Empire, y est inhumé. Il en sera de même d’Aliénor d’Aquitaine (1122 – 1204), sa veuve, et de Richard Cœur de Lion (r. 1189 – 1199), son fils. Fontevraud est la nécropole des Plantagenêts. L’ordre de Fontevraud, auquel l’abbaye a donné naissance, se développe dans la Chrétienté, même s’il connaît un déclin à la fin du Moyen Âge. Napoléon en fait, après la Révolution, une prison. Elle ne ferme qu’en 1963 pour devenir un centre culturel.

1108 : Abbaye Saint-Victor de Paris

L’abbaye de Saint-Victor, aujourd’hui disparue de la géographie et des mémoires, était située à Paris sur l’emplacement du jardin des Plantes et du campus du Jussieu, sur la rive gauche de la Seine. Avant l’avènement de l’institution universitaire, l’abbaye de Saint-Victor est un centre intellectuel important du Moyen Âge, alors en pleine « renaissance ». Fondée par Guillaume de Champeaux (1070 – 1121), directeur de l’école cathédrale de Paris, doté dès 1113 d’une importante bibliothèque qui survivra tout au long de son histoire, elle attire des personnalités importantes, comme Thomas Becket, Bernard de Clairvaux ou Abélard. Paris devient, au cours du XIIe siècle, un foyer du savoir en Europe, comme Laon ou Chartres. Des maîtres, qui sont des clercs, viennent y installer leurs cours privés et éphémères, avec l’autorisation des autorités locales. La capitale se distingue par sa spécialisation en théologie et en dialectique. Cette configuration prend fin avec l’avènement de l’université de Paris au XIIIe siècle. L’abbaye Saint-Victor mais maintient son activité jusqu’à la Révolution.

25 juin 1115 : Bernard de Clairvaux fonde son abbaye

Bernard de Fontaine (1090 – 1153), devenu saint Bernard de Clairvaux après sa canonisation en 1174, est un des hommes les plus célèbres de son temps. Entré à l’abbaye de Cîteaux en 1112, il fonde ensuite avec 12 moines l’abbaye de Clairvaux (dans l’Aube actuelle) sur les mêmes principes que ceux de son abbaye-mère. Elle connaît rapidement un grand succès. Bernard de Clairvaux est un théologien important attaché à la vie mystique, si bien qu’il devient la figure centrale de l’ordre cistercien. Il exerce en même temps une grande influence dans les affaires temporelles de l’Europe chrétienne. Auteurs d’une correspondance massive (avec Hildergarde de Bingen par exemple, qu’il protège) et orateur de talent, il est souvent appelé par le pape comme médiateur de certains conflits diplomatiques, avec le roi de France Louis VII notamment. Il joue en outre un rôle important dans la création de l’ordre du Temple. Bernard de Clairvaux est le prêcheur de la deuxième croisade (1146 – 1149). Enfin, son hostilité à Abélard est elle aussi restée célèbre. À la fin du XIIe siècle,  l’ordre cistercien compte plus de 500 monastères, puis s’étendra encore à toute l’Europe chrétienne (jusqu’à la Transylvanie par exemple, avec l’abbaye de Cârța).

19 février 1122 : Suger devient abbé de Saint-Denis

Suger (1080 ou 1081 – 1151) initie une tradition vive dans la culture française et dans la mémoire collective, celle du grand serviteur de l’État. De petite extraction, il devient très tôt oblat à Saint-Denis, où il rencontre le futur Louis VI (1108 – 1137). Talentueux, son ascension est rapide. Il devient le conseil de Louis VI pour les affaires ecclésiastiques, puis conseiller de son successeur Louis VII (1137 – 1180), dont il a organisé le mariage avec Aliénor d’Aquitaine (25 juillet 1137). Il est régent du royaume lorsque Louis VII par pour la deuxième croisade, prêchée par Benard de Clairvaux, de 1147 à 1149 Élu abbé de Saint-Denis en 1122, sa grand oeuvre est la reconstruction de la basilique dans un style alors novateur : le gothique. Mécène, il fait fabriquer une magnifique carafe liturgique qui fait partie du trésor de Saint-Denis, « L’Aigle de Suger ». Suger est aussi un homme de lettres qui raconte l’histoire des rois qu’il a servi et décrit la reconstruction de son abbaye.

1113 : Héloïse et Abelard

Pierre Abelard (1079 – 1142) est un de ces maîtres qui se distingue à l’époque de l’essor scolaire de Paris, dont la renommée tient surtout à l’enseignement de la théologie (mot que l’on doit peut-être à Abelard même) et à la dialectique. Élève de Guillaume de Champeaux, il devient un maître à succès, mais ses thèses sont plusieurs fois condamnées, et sa position est instable. Plus largement, les cours de cette époque se transforment : il s’agit désormais questionner le texte sacré, en faire émerger des questions philosophiques et logiques. Le maître n’a pas le monopole du savoir. Les élèves, lorsqu’ils s’en sentent capables, peuvent donner leur avis. Si ses écrits sont aujourd’hui oubliés, le souvenir de sa relation amoureuse avec une de ses élèves (ou plutôt de la séduction d’une de ses élèves), Héloïse (✞ 1164), grande femme de lettres du Moyen Âge, est toujours vivace. Le maître et l’élève se marient et donnent naissance à un enfant, Astrolabe. Ensemble, ils fondent l’abbaye du Paraclet, une abbaye féminine bénédictine, en 1131. Cependant, la liaison entre Abélard et Héloïse entraîne la colère de l’oncle de cette dernière, le chanoine Fulbert, qui fait castrer Abélard en 1117. En outre, le mariage menaçait la carrière d’Abélard, qui semble être le premier de ses soucis. Cette relation impossible sera transfigurée en mythe de l’amour libre au fil des siècles. Elle est connue par une correspondance, qui semble authentique, entre les deux amants. Abélard en outre conté son histoire dans un texte autobiographique, l’Histoire de mes malheurs, rédigé vers 1132.

11 juin 1144 : reconstruction de la basilique de Saint-Denis

La reconstruction et l’agrandissement de la basilique de Saint-Denis, la nécropole des rois de France, à partir de 1135 est assurément l’œuvre la plus mémorable de Suger. Cette reconstruction se fait dans un style nouveau, l’art gothique, qui cherche à maximiser la présence de la lumière dans l’édifice. Dieu est lumière, elle symbolise la révélation divine. Ainsi, les vitraux sont très présents dans la nef. La façade, dont l’aspect date de Suger, compte trois travées ouvertes par une rosace et sept fenêtres. Autre innovation fondamentale : les voûtes qui reposent sur des croisées d’ogives, qui permet d’édifier des bâtiments plus grands et de dégager les murs latéraux pour les ouvrir par des fenêtres. La basilique est consacrée le 11 juin 1144 en présence de Louis VII et Aliénor d’Aquitaine. Suger est enterré dans l’abbaye à sa mort en 1151.

1143 : résumé du Coran par Pierre le Vénérable

Le XI siècle est une période de fort antagonisme entre chrétienté et islam : l’Espagne est encore divisée entre chrétiens et musulmans, et la deuxième croisade se prépare (1147-1149). Pierre le Vénérable (mort en 1156), abbé de Cluny au dynamisme marqué, cherche à combattre les ennemis de l’Église, les hérétiques, les Juifs et les mahométans. Après un voyage en Espagne, il réunit des savants pour traduire un résumé du Coran en latin afin de réfuter, non par les armes mais par les idées, le message de l’islam.

Qu’on donne à l’erreur mahométane le nom honteux d’hérésie ou celui, infâme, de paganisme, il faut agir contre elle, c’est-à-dire écrire.

Cette traduction faisait partie d’une entreprise plus grande. Pierre le Vénérable préparait un traité Contre les Sarrasins, inachevé. La réfutation passe par une meilleure connaissance de la religion de l’autre. Là est la grande novation.

1163 : début de la construction de Notre-Dame de Paris

Le développement de la technique de la croisée d’ogives, élément majeur du développement de l’art gothique, permet la construction de bâtiment plus grand. Après la reconstruction de la basilique Saint-Denis par Suger, des cathédrales sont bâties à Senlis, Noyon, Laon, etc. Maurice de Sully (mort en 1196), évêque de Paris depuis son élection le 12 octobre 1160, décide de la construction d’une cathédrale à Paris, la capitale du royaume de France. 1163 est la date traditionnelle du début des travaux, lancés en présence du pape Alexandre III (1159 – 1181). Elle dédiée à la vierge Marie. Le culture mariale fait l’objet d’un renouveau au XIIe siècle. Plusieurs campagnes de construction se succèdent jusqu’au milieu du XIVe siècle, même si l’essentiel est terminé au milieu du XIIIe. Notre-Dame de Paris fait ensuite l’objet de nombreux réaménagements. Avant le XIXe siècle, la cathédrale est le lieu de grands événements historiques, comme le sacre de Napoléon le 2 décembre 1804. Toutefois, elle sort en piteux état du XVIIIe siècle. Un livre contribue à la sauver, Notre-Dame de Paris (1831) de Victor Hugo, qui lui confère un statut quasi mythique. L’engouement pousse le roi Louis Philippe (1830 – 1848) lance une campagne de restauration qui sera menée par Viollet-le-Duc de 1844 à 1864. Ces campagnes continuent au reste au XXe siècle : vitraux sont par exemple réhabilités en 1965 par le maître-verrier Jacques Le Chevallier. Notre-Dame de Paris est aujourd’hui l’un des symboles de Paris et de la France. Le succès du film de Disney Le Bossu de Notre-Dame (1996) a probablement renforcé cette position aux yeux des touristes venus du monde entier. L’incendie qui l’a ravagée en 2019 a été un événement à retentissement international.

Vers 1165–1180 : l’œuvre de Chrétien de Troyes

Chrétien de Troyes, dont la vie est quasi inconnue, entre un temps au service de la cour de Champagne, région du commentateur biblique Rachi. Cet écrivain, sûrement un clerc, connaisseurs du latin et de la culture antique, est le premier grand romancier de langue française. On lui connaît cinq romans (Érec et ÉnideCligèsLancelot ou le Chevalier de la charretteYvain ou le chevalier au lionPerceval ou le conte du Graal), inspirés par la légende arthurienne, dont les intrigues illustrent l’idéal chevaleresque de l’époque et l’amour courtois.

1190 : Ordonnance-Testament de 1190

Ce testament produit avant le départ en croisade de Philippe Auguste (r. 1180 – 1223)  fait mention pour la première fois des baillis (de l’ancien français baillir, « administrer »), commissaires royaux qui disposent de pouvoir administratif et judiciaires (ils sont nommés sénéchaux au sud). Cette institution, inspirée par les Plantagenêts, perdra de l’influence au cours des siècles, mais jouera un rôle important dans l’unification de la justice sous l’autorité du roi.

15 janvier 1200 : reconnaissance de l’université de Paris

Le Moyen-Âge voit apparaître un nouveau type d’institution : les universités. La plus ancienne est fondée à Bologne en 1088, puis Oxford et Cambridge. Paris, déjà une grande cité, rassemble déjà à l’aube du XIIIe siècle un grand nombre de figures intellectuelles du temps. Philippe Auguste accorde en 1200 aux maîtres et étudiants parisiens le statut de clerc, privilège les soustrayant aux juridictions temporelles (privilegium fori – privilège de for ou de clergie). Ils sont ainsi protégés des autorités locales et de la population. Ils sont en outre exemptés d’impôts et d’obligations militaires.

L’université obtient ensuite un statut officiel en 1215, rédigé par le légat Robert de Courçon. Son sceau porte l’inscription Universitatis magistorum et scolarium parisiensium. La bulle Parens scientiarum de 1231 du pape Grégoire IX (1227 – 1241) lui confère l’autonomie et donne un statut à son personnel. Maîtres et étudiants vivent alors de leurs rentes et peuvent se consacrer pleinement à l’étude et à l’enseignement. Située dans ce qui est aujourd’hui le « Quartier latin », elle est alors en organisée en quatre facultés, celles du droit, de la médecine, des arts libéraux et, la plus importante et celle qui fait sa réputation, de théologie (et de dialectique). Le rayonnement de l’université de Paris ne cesse alors de croître jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Paris devient l’un des grands centres du savoir en Europe et attire de nombreux étudiants étrangers. L’influence d’un enseignement est désormais internationale. Ces échanges sont facilités par la maîtrise commune du latin. L’université est d’ailleurs divisée en quatre nations : la française (Français de la Loire et du Sud, Italiens et Ibériques), la normande, l’anglaise (pour les peuples germaniques) et la picarde (Picardie, Est de la France et Pays-Bas). De nombreux professeurs sont d’ailleurs anglais et elle accueille certaines figures reconnues, comme Thomas d’Aquin.  

28 avril 1202 : la confiscation de Philippe Auguste

À l’avènement de Philippe II (1180 – 1223), les Plantagenêts règne sur un Empire qui s’étend sur l’Angleterre et tout l’Ouest de la France. Le 28 avril 12012, le roi prend prétextes de l’insoumission du roi d’Angleterre Jean sans Terre (1199 – 1216), qui est aussi son vassal, pour lui confisquer la Normandie, le Maine, la Touraine et l’Anjou. Le roi d’Angleterre réagit, mais les combats tournent à la faveur des troupes royales. Le 6 mars 1204, Château-Gaillard capitule. Le 24 juin, Rouen fait de même. Le domaine royal, limité à un axe Paris-Bourges au début du règne, s’agrandit de manière considérable. Philippe II tire de cette formidable réussite son surnom d’Auguste.  

6 mai 1211 : construction de la cathédrale de Reims

L’ancienne cathédrale est détruite par un incendie le 6 mai 1210. La construction de l’édifice actuel date du 6 mai 1211. Ce n’est pas sa dernière mésaventure : en 1914, les Allemands bombardent la cathédrale du fait de son importance symbolique. En effet la cathédrale de Reims, l’un des plus beaux édifices gothiques de France, a été le lieu du sacre de 29 rois jusqu’en 1825. Effaçant 1914, mais aussi l’antagonisme qui a opposé ces deux pays, le général De Gaulle et le chancelier Adenauer scellent la réconciliation à Reims en 1962 et assistent ensemble à un Te Deum dans la cathédrale.  

12 septembre 1213 : bataille de Muret

Muret, située au sud-ouest de Toulouse, a été le site d’une bataille opposant les troupes de la croisade albigeoise (dirigée principalement contre le catharisme), venues pour la plupart du nord du royaume, à une coalition de seigneurs du sud-ouest de la France (Toulouse, Comminges, Béarn, Foix, etc.) allié au roi d’Aragon Pierre II, qui convoite cette région. La victoire de Simon de Montfort († 1218), qui fait suite au succès de la croisade albigeoise, ancre les pays de langue d’oc (le Languedoc) dans le royaume de France, dont le roi est alors Philippe Auguste. Cette région aurait pu faire partie d’un ensemble territorial avec l’Aragon.  

27 juillet 1214 : bataille de Bouvines

La bataille de Bouvines est bien plus célèbre que la bataille de Muret qu’elle suit d’une année. Cet affrontement de grande ampleur, au sud-est de Lille est, d’un certain point de vue, le pendant de la bataille de Muret au-dessus de la Loire. Philippe Auguste (r. 1180 – 1223) remporte une victoire qui écarte les puissances qui concurrençaient son pouvoir. Plusieurs seigneurs félons sont vaincus (les comtes de Flandre et de Boulogne), et l’empereur germanique Otton IV, qui a fui, est déposé au profit de Frédéric II.

La bataille de Bouvines est un événement clé du roman national. Elle a été considérée comme une manifestation de la naissance de la nation française par les manuels de la IIIe République, car des villes du domaine royal ont envoyé des milices urbaines (constituée par des roturiers) combattre auprès du roi. Cependant, leur rôle a été limité en comparaison de celui des seigneurs, dont dépendait le roi. L’historien Georges Duby est l’auteur d’un livre mémorable sur le sujet, Le Dimanche de Bouvines. 27 juillet 1214, dans la collection « Les Trente Journées qui ont fait la France ».

Le 2 juillet précédent, le fils de Philippe Auguste, Louis de France, le futur Louis VIII, battait le roi d’Angleterre Jean sans Terre à la bataille de La Roche-aux-Moines, dans la Maine-et-Loire actuel. La puissance anglaise en sort très affaiblie. Muret – Bouvines – La Roche-aux-Moines : le pouvoir royal français a les mains libres.  

1220 : achèvement de la cathédrale de Chartres

Le monument par excellence de l’art gothique français (Unesco), la cathédrale de Chartres, domine de sa magnificence la plaine de Beauce. Elle est la mieux conservée de son style. Henri IV (r. 1589 – 1610) est le seul roi a y avoir été sacré le 27 février 1594. Au début du XXe siècle, l’écrivain Charles Péguy renouvelle la tradition du pèlerinage entre Paris et Chartres.

8 novembre 1226 : régence de Blanche de Castille

Blanche de Castille (1188 – 1252) est la fille du roi de Castille Alphonse VIII et d’Alinéor d’Angleterre. Elle donc la petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine et la nièce de Richard Cœur de Lion et de Jean sans Terre. En 1200, elle épouse le futur Louis VIII. L’héritier du trône, Louis IX, « Saint Louis », naît le 25 avril 1214. Louis VIII monte sur le trône en 1223 et meurt trois ans plus tard seulement, le 8 novembre 1226. Dans son testament, le roi défunt avait fait de la reine la régente du royaume après sa mort. L’héritier est encore dans sa minorité.

La régence de Blanche de Castille est une double nouveauté : pour la première fois, une femme dirige la France et, pour la première fois, ce dirigeant est étranger. Ce ne sera pas la dernière. Catherine de Médicis (1519 – 1589) ou Mazarin (1602 – 1661) suivront. Blanche de Castille s’appuie en outre sur un Italien, le légat du pape Romano Bonaventura. La régente doit résister à l’hostilité des élites, qui souhaitent profiter la minorité du roi pour reprendre du pouvoir. Elle mène en outre les négociations qui permettent la signature du traité de Meaux-Paris en 1229 qui rattache le Sud-Ouest au royaume. Enfin elle organise le mariage de son fils avec Marguerite de Provence (1221 – 1295) le 27 mai 1234. Elle meurt en 1252, et est enterrée à l’abbaye de cistercienne de Maubuisson qu’elle a fondé.

Décembre 1254 : promulgation de la Grande Ordonnance

Le long règne de Saint Louis (1226 – 1270) est une période d’enquêtes sur le royaume et de réformes. Après l’enquête de 1247, le roi promulgue en 1254 (reprise en 1256) une ordonnance qui réforme la justice, afin de prévenir les abus et moraliser la vie du royaume. Saint Louis est, pour les mémoires, le roi qui incarne la Justice par excellence : l’image d’Épinal le représente comme juge rendant la justice sous son chêne. La Grande Ordonnance, destinée aux baillis, aux sénéchaux, mais aussi à toutes les autorités locales, insiste sur l’importance de la présomption d’innocence. Elle réglemente en outre l’activité des administrateurs royaux : baillis et sénéchaux ne peuvent contracter d’emprunts, prendre femme dans leur circonscription, assurer la protection et l’entretien des routes, rendre compte de leur gestion, recevoir les plaintes de leurs administrés, etc. Le texte cherche en outre à interdir l’usure, la prostitution, les jeux de hasard, le blasphème, et comporte des mesures vexatoires contre les Juifs.

1256 : le roi est empereur en son royaume

Alors que le droit romain fait l’objet d’une réappropriation en Europe, le juriste Jean de Blanot, dans son Libellus super titulo Institutionum de actionibus, écrit que le « roi est empereur en son royaume » (rex est imperator in regno suo). Cette célèbre maxime de droit public, affirme le pouvoir du roi de France, monarchie indépendante et autonome, c’est-à-dire qu’elle ne dépend d’aucune structure au-dessus d’elle. Elle consacre la souveraineté du roi de France face aux prétentions du Saint Empire à rétablir l’Empire romain et aux prétentions du Pape à se placer au-dessus du pouvoir temporel. On trouve une idée semblable dans la formule « le roi ne connaît pas de supérieur » (rex superiorem non recognoscens), que l’on trouve dans une réponse du pape Innocent III (1198 – 1216) au comte de Montpellier, à qui il refuse la reconnaissance d’un enfant adultérin, ce qui est de la compétence du roi de France.

1257 : fondation de la Sorbonne

La fondation d’un collège pour étudiants pauvres par le théologien Robert de Sorbon en 1253 est confirmée par Saint Louis en 1257. Il est installé sur un versant de la Montagne Sainte-Geneviève, sur la rue qui porte désormais le nom de « Sorbonne ». On y dispense des cours de théologie. La réputation de l’établissement, qui participe aux controverses de son temps, devient rapidement européenne. La Sorbonne contribue au prestige de l’université de Paris, fondée en 1200. La Sorbonne, éclatée en plusieurs universités après les événements de mai 1968, existe toujours aujourd’hui.

1280 : Le Roman de la rose

Le Roman de la rose est un œuvre de 21 750 octosyllabes écrite par deux auteurs : Guillaume de Lorris pour la première partie (4058 vers) puis Jean de Meung pour la second (17 700 vers). L’œuvre décrit un rêve allégorique fait par l’auteur. Les personnages porte d’ailleurs des noms évocateurs : Beauté, courtoisie, richesse pour les bons, jalousie, honte, malbouche pour les mauvais, etc. La première partie est une œuvre classique sur le thème de l’amour courtois, alors que la seconde traite l’amour de manière plus cynique et rationnelle. L’œuvre eut une grande influence en Europe, suscitant la controverse (comme la critique de Christine de Pizan au XIVe siècle) ou l’admiration (Pétrarque, Chaucer, etc.).  

26 octobre 1289 : université de Montpellier

On trouve à Montpellier la plus ancienne faculté de médecine de France. C’est d’ailleurs l’une des deux seules villes universitaires, avec Paris, où la médecine est enseignée. La situation géographique de Montpellier est idéale : elle est située à mi-chemin entre Paris, l’Espagne où la médecine arabe est pratiquée, Salerne, en Campanie, où la première école de médicine du Moyen Âge a été fondée et Avignon, où les papes s’installent au début du XIVe siècle. En 1180, le seigneur de Montpellier Guilhem VIII autorise par édit à quiconque d’enseigner la médecine. L’université de Montpellier est reconnue par la bulle du pape Nicolas IV Quia sapientia du 26 octobre 1289.  

10 avril 1302 : première convocation des états généraux, par Philippe le Bel

Le 5 décembre 1301, le pape Boniface VIII (r. 1295 – 1303) adresse au roi de France Philippe le Bel (1284 – 1314), avec lequel il est en conflit, la bulle Ausculta fili. Ce texte redit la supériorité du pouvoir spirituelle sur le pouvoir En réponse, le roi de France crée une nouvelle institution appelée à avoir une grande influence sur l’histoire de France : les États généraux. Les premiers sont organisés le 10 avril 1302 à Notre-Dame de Paris. Ils rassemblent des clercs, des nobles et des délégués de ce qui sera plus tard nommé le Tiers État. Les États généraux ont pour objectif de renforcer la légitimité du pouvoir royal face aux attaques papales et à réaffirmer la fidélité du clergé au roi. Ce lieu de négociation permet au roi de France de lever des impôts.

13 octobre 1307 : la chute des Templiers

L’ordre du Temple était un ordre religieux et militaire chrétien qui se chargeait de la protection des pèlerins se rendant en Palestine. Avec la disparition des États croisés au Proche-Orient, les Templiers se replient sur l’Europe, où ils possèdent de nombreuses commanderies, qui sont pour la plupart des exploitations agricoles bien gérées dont l’argent était destiné à la « Terre sainte ».

Sous l’autorité exclusive du pape et donc indépendants de toute autorité temporelle (des seigneurs et des rois), riches, les Templiers suscitent l’hostilité du roi de France Philippe le Bel (1285 – 1314) qui les fait arrêter le 13 octobre 1307 par les baillis et les sénéchaux, alors que Jacques de Molay, le grand maître de l’ordre, est en France. Pour calmer la discorde avec le roi de France, le pape, qui est alors le Français Clément V, dissout l’ordre du Temple le 22 mars 1312 au concile de Vienne. L’ordre de l’Hôpital récupère la majeure partie de ses richesses.

La légende de la malédiction prononcée par Jacques de Molay contre le roi de France a inspiré Maurice Druon pour ses Rois Maudits.

1309 : installation de la papauté à Avignon

Clément V (1305 – 1314), pape français intronisé à Lyon, est élu par un conclave sous pression de Philippe le Bel. C’est un pape plus ouvert aux influences du roi de France que Boniface VIII (1294 – 1303), et qui introduit nombre de cardinaux français.

Il refuse de rejoindre Rome et s’installe à Avignon en 1309. Les cinq papes suivants, tous français, l’imiteront. Avignon devient donc le centre de la Chrétienté au XIVe siècle. Après la mort de Urbain V (1362 – 1370), Grégoire XI (1371 – 1378), le dernier pape français, retourne à Rome. Benoît XII (1335 – 1342) décide la construction de ce qui est resté le plus beau témoignage de cette période : le palais des Papes, un des plus grandioses exemples d’architecture gothique.

1312 : rattachement de Lyon

Par convention, et à la suite d’une thèse de l’historien Pierre Bonasseux de 1874, l’intégration de Lyon au royaume de France est parfois datée de 1312, lorsque le dirigeant de la ville, l’archevêque Pierre de Savoie (de 1308 – 1332), perdit sa juridiction temporelle (son pouvoir en tant que souverain) au profit du roi de France, Philippe le Bel (1285 – 1314). Cependant, l’autorité royale était établie dans la ville depuis plus longue date à la faveur des conflits entre les notables de la ville (« les bourgeois »), l’archevêque et le chapitre de chanoines.

1337 : début de la guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans, appellation du XIXe siècle, est une longue période d’affrontements entre deux puissances qui se disputent le territoire de la France actuelle : les Valois (Capétiens) et les Plantagenêts. Bien qu’ils dirigent l’Angleterre, ces derniers ont de profondes attaches en France. Cet affrontera ne s’arrêtera qu’au milieu du XVe siècle, avec la victoire des Valois. À ce conflit s’est ajouté la Peste noire ( 1347 – 1352) et une grave crise économique qui ont durement éprouvé les populations.

26 août 1346 : bataille de Crécy

La bataille de Crécy est le premier affrontement de conséquence de la guerre de Cent Ans. Le roi de France Philippe VI (r. 1328 – 1350), à la tête d’une imposante armée, poursuit les troupes plus réduites d’Édouard III (r. 1327 – 1377). Les Anglais se préparent sur un terrain favorable à combattre les Français près de Crécy-en-Ponthieu (Somme). Ils infligent une défaite humiliante au roi de France, dont la chevalerie, lourdement équipée, ne peut rien faire contre la pluie des archers anglais (doté de longbows, arcs longs anglais). L’indiscipline française et l’inadaptation de sa tactique, fondée sur les charges de chevalerie, coûtent au royaume une lourde défaite. Édouard III n’exploite pas son avantage pour prendre Paris, mais se dirige vers Calais qu’il assiège et qu’il occupe (1347). Le royaume de France ne récupérera la ville qu’en 1558.

30 mars 1349 : traité de Romans

Humbert II, Dauphin de Viennois (1333 – 1349) vend son fief, le Dauphiné, dont la capitale est Grenoble, au roi de France Philippe VI (1328 -1350). Cependant, le Dauphiné est fait apanage du fils aîné du roi de France, l’héritier de la couronne. Ainsi, ce dernier porte le titre de Dauphin.

19 septembre 1356 : défaite de Poitiers et capture du roi Jean II

Cette deuxième bataille de Poitiers, moins célèbre que celle de 732, sort naturel d’une défaite, est un désastre pour le royaume de France. Pour arrêter les incursions et les pillages d’Édouard de Woodstock, le fils d’Édouard III, le roi de France Jean II (1350 – 1364) le poursuit pendant un mois pour l’affronter finalement à Maupertuis, au sud de Poitiers. Comme à Crécy, la chevalerie française est humiliée par les archers anglais. Elle sort de cette défaite humiliée et discréditée. Pire encore, le roi est fait prisonnier, fait inédit dans l’histoire de France. Cette captivité longue de quatre ans ébranle le pouvoir et donne naissance à une grave crise de la monarchie  que doit affronter le jeune dauphin Charles, alors âge de dix-huit ans. La bourgeoisie tente, autour d’Étienne Marcel, de réformer la monarchie pour la contrôler et la « Grande Jacquerie » éclate dans les campagnes en 1358. Autre conséquence catastrophique de la bataille de Poitiers : le traité de Brétigny, conclu le 8 mai 1360, écrase le royaume d’une rançon de 3 millions d’écus pour la libération du roi et cède un tiers du royaume à Édouard III.

1357 : Grande Ordonnance 

En l’absence de son père, le dauphin Charles, 18 ans, est chargé de la conduite du royaume. Il subit rapidement les contrecoups de l’affaiblissement de la monarchie. En effet, l’assemblée de notables réunie aux États de Languedoïl d’octobre 1356 s’oppose violemment à lui. L’évêque de Laon, Robert le Coq, séide de Charles de Navarre, demande la libération immédiate de son maître. Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, demande, lui, la réformation de l’État, ce qui inclut l’écartement des corrompus, la fin des abus et surtout, un contrôle accru de la monarchie par les trois ordres au moyen du conseil. Les États accordent cependant au dauphin Charles des subsides pour la guerre. Charles revient à Paris en février 1357, après avoir demandé sans succès de l’aide à l’empereur Charles IV pourtant son oncle. Par la Grande Ordonnance, il cède aux exigences des États et introduit leurs délégués dans le Conseil royal. Jean II désavoue son fils. Charles de Navarre est en outre libéré.

22 février 1358 : émeute d’Étienne Marcel

Réunis en février 1358, les États de Paris demandent l’interdiction des assemblées locales pour leur substituer une assemblée unique pour la Languedoïl. La bourgeoisie parisienne cherche en effet à soumettre la monarchie à ses intérêts, en éliminant le contrepoids que représentent les États provinciaux dont l’objectif est avant tout de contrôler la perception et l’utilisation des subsides demandés. Le 22 février, Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, organise une émeute contre le gouvernement et pour impressionner le dauphin. Deux maréchaux, Robert de Clermont, maréchal de Normandie, et Jean de Conflans, maréchal de Champagne, sont tués alors qu’ils voulaient protéger Charles. Ce dernier, terrorisé, approuve les meurtres.

Mai 1358 : Grande Jacquerie

Les soulèvement des Jacques (c’est-à-dire paysans) contre la noblesse partent du Beauvaisis à partir de fin mai 1358. Ils se répandent en Picardie, en Champagne et dans le nord de l’Île-de-France. Ils n’obtiennent cependant aucun soutien d’Étienne Marcel, tandis que Charles de Navarre les réprime.

2 août 1358 : le dauphin Charles entre dans Paris

Charles prend le titre de régent et quitte Paris. Il réunit les États de Languedoïl à Compiègne le 4 mai, en l’absence des Parisiens. La rébellion d’Étienne Marcel est isolée. Fort du soutien des États de Compiègne, le régent avance jusqu’à Paris. Étienne Marcel demande alors de l’aide aux villes flamandes : il se présente comme le champion du combat des non-nobles contre les nobles. Tentative infructueuse. Étienne Marcel introduit alors des soldats anglais dans Paris, ce qui fait chuter sa popularité. Le 31 juillet, il est assassiné avec ses lieutenants. Le 2 août 1358, le régent Charles entre dans Paris. La « révolution parisienne » a échoué.

5 décembre 1360 : le franc à Cheval

Pour payer la rançon de Jean II, l’ordonnance de Compiègne du 5 décembre 1360 décide l’émission du « franc à Cheval », première monnaie à porter le nom « franc ». Ce mot renvoie peut-être à la libération du roi par les Anglais. Il est « à cheval » car la pièce représente le roi sur son cheval, en armure. 

19 juin 1369 : constitution de « l’État bourguignon »

Philippe II (duc de Bourgogne de 1363 à 1404), fils du roi Jean II, reçoit de son père le duché de Bourgogne puis, grâce à son mariage le 19 juin 1369 avec Marguerite III de Flandre, les comtés de Bourgogne, de Flandre, de Nevers, d’Artois et de Rethel. « L’État bourguignon » naît. Cet État, qui est en réalité un agglomérat de seigneuries, va permettre au quatre ducs de la dynastie Capétien-Valois qui en sont les souverains de jouer un rôle important dans les affaires du temps : Philippe II, Jean Ier (« Jean sans Peur » 1404 – 1419), Philippe II (« Philippe le Bon » 1419 – 1467) et Charles (« Charles le Téméraire » 1467 – 1477). Profitant de la richesse du comté de Flandre, les ducs de Bourgogne seront des protagonistes influents de la guerre de Cent Ans Sous Philippe II et Charles, les ducs de Bourgogne cherchent à émanciper leurs possessions pour les constituer en Lotharingie renaissante. Ce projet échouera cependant.

1394 : expulsion « définitive » des Juifs de France

Depuis les Croisades, les Juifs de France font l’objet de violences spontanées, puis de mesures vexatoires du pouvoir royal (notamment sous Saint-Louis) et de conversions forcées. Avant l’expulsion de 1394, les Juifs sont victimes de six expulsions, dont la plus importante est celle de 1306 par Philippe le Bel (qui aurait provoqué la fuite d’au moins 75 000 Juifs hors du royaume de France). C’est alors une communauté puissante. Rachi, célèbre commentateur de la Bible et du Talmud, était par exemple établi à Troyes. L’expulsion de 1394 est décidée par une loi du 17 septembre. Le roi Charles VI (1380 – 1422) la veut définitive, sans exception ni privilège. Les Juifs sont alors accusés d’être responsables des difficultés et de la famine en cette période difficile de la guerre de Cent Ans. Ils ont jusqu’au 3 novembre pour partir. Après cette date, il n’existe officiellement plus de Juifs dans le royaume de France. La plupart fuient vers l’Allemagne, la Savoie ou l’Orient. L’expulsion de Juifs n’est pas propre à la France : l’Angleterre les expulse en 1290, et les rois de l’Espagne conquise sur les musulmans, Isabelle Ferdinand, les expulse par édit le 31 mars 1492.

1405 : La Cité des dames de Christine de Pisan

Christine de Pisan (vers 1365 – 1430) est la première grande polygraphe de langue française. Arrivée très jeune de Venise, fille de l’astrologue de Charles V (1364 – 1380), elle est rapidement veuve du secrétaire du roi Étienne de Castel (morte en 1387) et doit assumer la charge de sa famille. Instruite, proche du pouvoir et membre de la couche supérieure de la société, elle dirige un atelier de copistes et bénéficie notamment de commandes princières. Elle produit en parallèle une œuvre abondante et variée, de la poésie au traité militaire. Dans ses écrits, elle critique la misogynie d’un Boccace ou que l’on trouve dans la deuxième partie du Roman de la rose. Dans deux livres, La Cité des dames (publié 1405) et Le Livre des trois vertus ou Trésor de la cité des dames (1405-1406), elle présente le rôle effectif et utile des femmes dans la société française et les introduit sur la scène publique. Femme de la guerre de Cent Ans, elle prend le parti du roi (celui des « vrais Français ») et doit se réfugier dans un monastère après la prise de Paris par les Bourguignons en 1418. Une de ses dernières œuvres est un poème en honneur de Jeanne d’Arc.

25 octobre 1415 : bataille d’Azincourt

Azincourt est une des défaites les plus célèbres de l’histoire de France. Les 8000 Anglais de Henri V (r. 1413 – 1422), bien positionnés à l’endroit le plus étroit de la plaine, vainquent une armée de 15 000 Français. Ces derniers comptent 5000 à 6000 morts. Nombre de prisonniers sont égorgés. Après Crécy en 1346 et Poitiers en 1356, la chevalerie français est de nouveau humiliée par la tactique anglaise.

8 mai 1429 : Orléans délivrée par Jeanne d’Arc

Jeanne d’Arc arrive à Chinon fin février ou début mars 1429. Là, elle est autorisée à rencontrer le roi de France, Charles VII  (r. 1422 – 1441) qu’elle convainc de l’équiper. Une enquête théologique conclut à l’orthodoxie des voix divines qui l’inspirent. Elle quitte Blois le 28 avril après avoir sommé ses adversaires de « rendre France » au nom du « roi de France ».  Elle connaît son premier succès en reprenant une place stratégique, Orléans, des mains des Anglais. Elle tire de ce fait d’arme son surnom de « pucelle d’Orléans ».

30 mai 1431 : Jeanne d’Arc brûlée

Le 23 mai 1430, à Compiègne, Jeanne d’Arc est faite prisonnière. Vendue 10 000 livres aux Anglais par Jean de Luxembourg, elle est jugée à Rouen par un tribunal d’inquisition présidé par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon. À l’issue de son procès débuté le 21 février 1431, elle est condamnée comme « hérétique, relapse, apostate et idolâtre » , livrée aux Anglais puis brulée le 30 mai 1431. Naît alors des figures symboliques et patriotiques les plus influentes de l’histoire de France. Canonisée en 1920, elle est fêtée le 12 mai.

7 juillet 1438 : Pragmatique Sanction de Bourges

La Pragmatique Sanction est une ordonnance du roi de France Charles VII (1422 – 1461). Elle est publiée à Bourges au cours d’une assemblée du clergé français, le 7 juillet 1438, puis acceptée par le concile l’année suivante. Cette ordonnance limite grandement le pouvoir du pape, alors Eugène IV (r. 1431 – 1447). En effet, la Pragmatique Sanction rétablit le droit de nomination des évêques par les chanoines et des abbés par les religieux au détriment du droit de nomination du pape. Dans les faits, le roi recommande ses candidats aux élections, et fait pression sur les électeurs. Elle réduit en outre les revenus perçus par le pape en France (suppression des annates, année de recette que les nouveaux abbés ou évêques devaient verser au Saint-Siège.) La Pragmatique Sanction est le premier grand pas du gallicanisme, doctrine selon laquelle l’Église de France est autonome par rapport au pape. En effet, les conciles de l’Église de France sont reconnus comme supérieurs à l’autorité de Rome. Elle renforce le pouvoir du roi sur une Église qui est représentée comme étant dans l’État. Inacceptable pour le pape, elle sera plusieurs fois annulée puis rétablie jusqu’au concordat de Bologne (1516).

1438 : Jacques Cœur, Grand Argentier du royaume de France

Jacques Cœur (vers 1395 – 1456), d’abord maître des monnaies à Bourges, là où siège le roi Charles VII (1422 – 1461), devient en 1438 l’argentier du royaume. L’argenterie consiste à fournir la cour en fournitures, comme des bijoux, des meubles et des vêtements. Cependant, la position de Jacques Cœur lui permet de s’enrichir considérablement et devenir l’un des plus influents personnages de l’État. Le public permet d’enrichir le privée, à une époque où la distinction n’est pas encore bien établie.

Créancier et banquier du roi et d’une aristocratie endettée, il organise son commerce d’approvisionnement dont les ramifications s’étendent à la Méditerranée. Il dirige ainsi un réseau de comptoir d’approvisionnements et possède, en 1451, sept navires qui servent ses opérations d’import et d’export. Ses activités s’étendent à d’autres domaines : il perçoit des revenus fiscaux de Languedoc, possède des armuries à Bourges, une manufacture à Florence, il organise la production de laine dans le Berry, etc. Pour l’organisation de son commerce, il utilise en outre les techniques financières les plus modernes de son temps. Une telle activité lui permet de tisser un réseau de relations auprès des puissants : il est proche de roi René, du roi Alphonse V d’Aragon et du pape Nicolas V (1447 – 1455). « L’esprit d’entreprise » de Jacques Cœur a fait la fascination pour cet aventurier romanesque. Sa chute, brutale, a construit sa légende : il est arrêté par ordre du roi en 1451, puis condamné en 1453. Cette ascension manquée ne peut manquer de rappeler celle de Nicolas Fouquet, deux siècles plus tard.

Jacques Cœur parvient cependant à s’enfuir grâce à ses relations et meurt sur l’île de Chios en 1456. Ce destin a constitué un mythe: celui de l’incapacité française à considérer ses entrepreneurs, sa méfiance à l’égard des grandes réussites individuelles et la trop grande liaison de l’économie au bon vouloir de l’État. Il faut cependant noter que l’ascension de Jacques Cœur a été permise par sa position de puissant, et que l’argent qu’il mobilisait était investi avant tout dans l’État et dans des activités plus traditionnelles (comme la terre). Enfin, Jacques Cœur laisse en héritage un superbe hôtel particulier à Bourges, le palais Jacques-Cœur, de style gothique flamboyant.

4 août 1443 : fondation de l’hospice de Beaune par Nicolas Rolin

Nicolas Rolin (vers 1376 – 1462), riche chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon (de 1419 à 1467), et sa femme Guigoge de Salins (1403 – 1470), prennent l’initiative de la création d’un Hôtel-Dieu afin de soigner les malades et s’occuper des indigents, œuvre de charité chrétienne. Les Hospices de Beaune sont nées. L’établissement est achevé en 1457 et existe toujours aujourd’hui. Il reste célèbre pour son architecture gothique flamboyant et ses superbes toits de tuiles vernissées polychromes. Les hospices sont en outre propriétaire d’un domaine viticole de 60 hectares. Le 3e dimanche de novembre, le vin qui en est tiré est vendu aux enchères pour financer les activités de l’hôpital.

26 mai 1445 : création des compagnies d’ordonnance

L’ordonnance de Louppy-le-Châtel du 26 mai 1445 crée quinze compagnies d’ordonnance, formations militaires dirigées chacune par un capitaine. Chaque compagnie comte cent lances, une unité de base, et chaque lance compte six hommes : trois archers, un homme d’armes, un auxiliaire armé (le coutilier) et un page, qui n’est pas un combattant. Ce sont des soldats montés. Ce sont les premiers unités permanentes de l’armée royale, qui reposait surtout sur la convocation du ban et de l’arrière-ban (les vassaux du roi, et les vassaux des seigneurs) et sur les mercenaires, indisciplinés et coûteux. En 1448, on décide en outre que les non nobles fourniront un combattant par paroisse, qui doit se battre pour le roi avec un arc ou une arbalète. C’est la milice des « francs-archers » qui constitue une infanterie de réserve de plusieurs milliers d’hommes. Enfin, sous la direction de Jean et Gaspard Bureau, des bandes d’artillerie de campagne sont constituées pour les sièges des places et les batailles rangées

17 juillet 1453 : bataille de Castillon

La victoire de Formigny du 15 avril 1450 a éloigné la Normandie des ambitions anglaises. Charles VII dirige désormais ses efforts vers la conquête de la Guyenne. Les Français rencontrent les Anglais de John Talbot, débarqué à Bordeaux, à Castillon, le 17 juillet 1453. La puissante armée française, servie par ses compagnies d’ordonnances et la meilleure artillerie d’Europe, vainc ses adversaires. Talbot y laisse la vie. La Guyenne est reprise. L’Aquitaine intègre pleinement le royaume de France. La guerre de Cent Ans entre en sommeil. Elle ne prendra vraiment fin qu’au traité de Picquigny du 29 août 1475.

1463 : disparition de François Villon

François de Montcorbier, dit François Villon, né vers 1431, est le plus célèbre poète du Moyen Âge français. Son image de poète malfaiteur a construit sa légende de « poète maudit » avant l’heure. Coupable du meurtre d’un prêtre et de vols, toujours menacé d’emprisonnement et pendaison, il joue sur les thèmes du testament et du legs en s’amusant de sa fin prochaine.

Frères humains, qui après nous vivez, N’ayez les cueurs contre nous endurciz, Car, si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez cinq, six : Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne s’en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !

La ballade des pendus

On perd sa trace après son bannissement de Paris alors qu’il a 31 ou 32 ans.

Vers 1476 :  Impressions en français par Colard Mansion

Gutenberg (vers 1400 – 1468) développe à Mayence en Allemagne, au milieu du XVe siècle, une invention aux effets révolutionnaires : l’imprimerie. À l’instar de l’invention de l’alphabet, elle permet une diffusion massive de l’écrit et des idées. Cette invention se diffuse rapidement en Europe, d’abord en Italie puis en France, à Paris et à Lyon. Colard Mansion passe pour avoir introduit vers 1476 la presse typographique à Bruges. Au cours de ses années d’activités, de 1457 à 1484, il imprime la plupart de ses livres en français du XVe siècle. Parmi eux, on trouve par exemple le Jardin de dévotion de Pierre d’Ailly ou la La consolation de philosophie de Boèce. Colard Mansion est ainsi l’un des premiers imprimeurs connus de livres en français.

1476 : création des relais de poste

La date de la naissance des relais de poste est généralement placée à la prise de l’édit de Luxies du 19 juin 1464. Mais ce texte semble être un faux créé en 1660. À partir de 1476, sous Louis XI (1461 – 1483), des relais sont installés sur les routes des postes royales pour fournir des montures fraiches aux chevaucheurs et accélérer ainsi l’acheminement du courrier. La poste royale fut ensuite progressivement ouverte au commun. En 1672, sous Louis XIV (1643 – 1715), le ministre Louvois créé une « Ferme générale des Postes ».

1481 : union de la Provence au royaume de France

La Provence est depuis 1246 sous l’autorité de la maison d’Anjou, une maison capétienne. Elle donc est depuis longtemps intégrée au royaume. René d’Anjou (1409 – 1480), qui est comte de Provence, sert par exemple Charles VII pendant la guerre de Cent Ans. Le comte de Provence, qui a perdu son fils, cède dans son testament le comté à Charles du Maine. Ce dernier meurt un an plus tard . Il avait désigné le roi de France, Louis XI, comme héritier. La Provence est donc unie au royaume de France et peut conserver ses traditions et institutions selon les termes de la « Constitution provençale ». Cependant, l’organisation du comté sera remaniée au XVIe siècle et le français est imposé par l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, au détriment du latin et du provençal.

23 décembre 1482 : Bourgogne et Picardie intègrent le royaume de France

Charles le Téméraire, à la tête du puissant « État bourguignon », meurt en 1477. Le rêve de renaissance de la Lotharingie carolingienne s’évanouit. Louis XI perd un rival. Le roi de France et l’empereur germanique, marié à l’héritière du duché Marie de Bourgogne (1477-1482), luttent alors pour s’emparer des terres bourguignonnes. Le traité d’Arras, signé le 23 décembre 1482, puis celui de Senlis du 23 mai 1493, règlent la guerre de succession de Bourgogne. Le royaume de France récupère la Bourgogne et la Picardie. Mais le règlement imparfait et complexe de la question de l’héritage bourguignon sera un objet de contentieux qui aura des conséquences importantes sur les relations entre la France et l’Empire aux XVIe et XVIIe siècles.

L’Ukraine et la Russie dans l’Antiquité : le grenier à blé d’Athènes

Bon, évidemment, parler d’Ukraine et de Russie dans l’Antiquité est un complet anachronisme.

Au Vème siècle av. J.-C., les steppes de la Russie du Sud et de l’Ukraine actuelle étaient peuplées, non de Russes et d’Ukrainiens bien sûr, mais de nomades, les Scythes, lesquels dominaient des populations d’agriculteurs sédentaires dont on ne sait que fort peu de chose.

Hérodote désigne ces derniers sous le doux vocable de Scythes laboureurs, histoire de nous faire comprendre à quoi ils occupaient leurs journées.

Cette région possédait alors – tout comme aujourd’hui – des sols extrêmement riches (et donc productifs) : les célèbres terres noires, les tchernoziom (je suis sûr que vous vous souvenez de vos cours de géo au collège).

Soit dit en passant, ce terme de tchernoziom provient du russe чёрная земля (tchornaïa zemlia), qui signifie… terres noires évidemment.

Bref, revenons à nos Scythes laboureurs.

Ces derniers cultivaient donc toutes sortes de blés pour le plus grand profit des Scythes pas laboureurs qui collectaient lesdites céréales – ça ressemble à l’accumulation socialistes primitives vantée par un certain Joseph S. quand on y pense – pour les vendre aux Grecs en général et aux Athéniens en particulier.

A ce propos, si il y a une chose qui ne change pas, c’est bien la nature des échanges entre une économie développée (Athènes par exemple) et une économie qui ne l’est pas (les Scythes laboureurs). La première exporte des produits manufacturés (de la céramique notamment) et des produits de luxe et importe des matières premières. Pour la seconde, c’est bien sûr l’inverse.

Attirés par ce commerce lucratif, les Hellènes (et les garçons) s’étaient du reste empressés de fonder un chapelet de colonies sur les rives de la Mer Noire, pardon, du Pont Euxin, notamment sur les côtes de l’actuelle Crimée, la Tauride des Anciens.

Avec le développement de la puissance d’Athènes, le contrôle de la route maritime qui conduisait de l’aride Attique aux ports de la rive nord du Pont Euxin devint un enjeu stratégique de première importance.

C’est d’ailleurs en luttant pour contrôler les détroits que les Athéniens furent finalement défaits au terme de la guerre du Péloponnèse. Et c’est encore en tentant de maintenir leur contrôle sur la précieuse route qu’ils furent confrontés à l’impérialisme expansionniste de Philippe II (pas celui de Braudel, non, l’autre, le papa d’Alexandre).

Ci-dessous : le monde d’après Hérodote. Dans le cercle rouge, le Pont Euxin et le domaine des Scythes laboureurs et nomades. Carte : Bibi Saint-Pol.

Le plus grand musée Einstein du monde va ouvrir en Israël

Le bâtiment abritera 85 000 documents, le prix Nobel d’Einstein et la théorie originale de la relativité

Albert Einstein lors d’une conférence à Vienne en 1921. Avec l’ aimable autorisation de Wikimedia Commons

Le gouvernement israélien a approuvé dimanche la création d’un musée Albert Einstein de 18 millions de dollars sur le campus de l’Université hébraïque, une école que le physicien a aidé à créer il y a un siècle. Une fois terminé, le musée abritera 85 000 documents, le plus grand dépôt de matériel d’Einstein dans le monde entier. Il comprendra également le prix Nobel d’Einstein et les 46 pages de notes originales qu’il a prises en 1916 pour élaborer la théorie générale de la relativité – avec une tache de graisse à la page 45.

Le musée occupera l’emplacement d’un planétarium abandonné sur le campus Givat Ram de l’école à Jérusalem. Le gouvernement paiera environ un tiers de la construction, les deux tiers restants provenant de l’université, y compris de grands donateurs comme Jose Mugrabi, le plus grand collectionneur mondial de peintures d’Andy Warhol.

Quand Einstein a rédigé son dernier testament, il a décidé de léguer ses « manuscrits, droits d’auteur, droits de publication, redevances… et tous les autres droits et propriétés littéraires, de quelque nature que ce soit » à l’Université hébraïque. Einstein a parcouru le monde pour collecter des fonds pour l’école, notamment lors d’un voyage aux États-Unis en 1921 avec Chaim Weizmann, un collègue scientifique, qui deviendra finalement le premier président d’Israël. Einstein a siégé au premier conseil d’administration de l’université.

Après la mort d’Einstein en 1955, des responsables israéliens sont venus nettoyer son bureau à l’Institute for Advanced Study de Princeton. Ils ont chargé tous ses papiers, correspondance, photos, médailles et autres éphémères. Les articles ont été emballés dans de grandes caisses en bois et chargés sur un camion, puis un avion, puis une camionnette, parcourant finalement 5 736 miles jusqu’à l’Université hébraïque. Il y avait des escortes policières le long du chemin.

Une statue d’Albert Einstein sur le campus de Jérusalem de l’Université hébraïque, une école qu’il a aidé à créer. Photo de Benyamin Cohen

Le lien d’Einstein avec Israël était si fort qu’on lui a demandé de devenir président du pays en 1952. Il a poliment refusé. « Il est bien vrai que beaucoup de rebelles sont finalement devenus une figure de respectabilité, voire un gros bonnet », a déclaré plus tard Einstein à un collègue, « mais je ne peux pas me résoudre à le faire. »

Les Archives Albert Einstein, actuellement situées au deuxième étage d’un bâtiment de classe à l’Université hébraïque, emménageront dans le nouveau bâtiment.

« L’héritage d’excellence d’Einstein dans la recherche universitaire constitue le fondement même de notre université », a déclaré Asher Cohen, président de l’Université hébraïque, ajoutant que « les réalisations scientifiques d’Einstein, qui ont changé le monde de la physique, continuent d’avoir un impact sur toutes nos vies, de des lasers et de l’énergie nucléaire au GPS et aux voyages spatiaux.

LIÉ

La chute ce Dimanche sur Arte

Un intérêt majeur du film de Oliver Hirschbiegel est notamment d’ausculter au plus près, les derniers moments, dans la tête du pire boucher du dernier siècle. Point question d’empathie évidemment, mais juste, on y voit plus que jamais l’exacerbation de ses névroses, sa folie, ses complexes, sa démesure, et finalement une déchéance crasse, une décrépitude morbide. Face potentiellement à 3 millions de Berlinois qui cherchent à fuir les Russes (…), Hiltler assène : « Les civils n’ont pas d’importance dans cette affaire ». S’il est plus ou moins doux et calme parfois avec son premier cercle, rien n’enlève les oripeaux du barbare violent, ou alors le message est qu’il était impossible de filmer sa toute fin, ce qui de fait, est absurde.

Souvent, l’on évoque la petite histoire dans la grande, ici c’est un peu la grande histoire dans son intimité la plus directe, et donc, forcément c’est captivant. Entre les officiers Hitlériens jusqu’auboutistes, prêt à l’accompagner en enfer et ceux qui ajoutent la lâcheté à leur intrinsèque ignominie, et les enfants, qui comme d’hab, eux n’ont rien demandé…

La soirée sur le canal 7 de votre poste de télévision est un hommage à celui qui prend les traits du salop, Bruno Ganz, attendu qu’un documentaire lui est ensuite consacré. Dans « La chute », sa performance est assez unique. Une telle incarnation, un tel engagement dans ce moment si ambigu de la petitesse du plus grand des salops, permet à l’acteur de déplier un talent sans limites. C’est tout simplement impressionnant, une interprétation vertigineuse.

« La chute » demeure un témoignage aussi précieux qu’unique dans l’originalité de son parti pris. Il observe au microscope le monstre, la bête, et on en sort d’autant plus convaincu de la folie d’un dictateur, encore plus horrifié de ce pourraient être aujourd’hui ses dignes successeurs…

Série « Raconter l’histoire autrement »

Épisode 4/4 : Mussolini peut-il être un personnage de roman ?

En Italie, la prise du pouvoir de Mussolini en 1922 questionne encore. Si les historiens nous permettent de comprendre précisément les causes de la Marche sur Rome, la littérature romanesque est un formidable complément pour transmettre une mémoire.

avec :

Antonio Scurati (Professeur de littérature comparée et d’écriture créative).

En savoir plus

En 1912, Amilcare Ciprian se trouve à Paris. Lui qui fut patriote combattant pour l’unité de son pays, l’Italie, écrit désormais dans la presse pour défendre son idéal : l’anarchie. À soixante-neuf ans, il livre des articles, notamment pour L’Humanité. Le 26 août 1912, il écrit : « Il me semble que, depuis quelques années, le socialisme navigue, un peu partout, dans une espèce de confusionnisme ». Pour lui, il y a des hommes faits pour la lutte et d’autres qui refusent toute unité des combats. À propos de l’Italie, Amilcare Ciprian est ravi de voir triompher les révolutionnaires intransigeants. Il écrit : « Aujourd’hui, parmi ceux qui ont triomphé au Congrès de Reggio-Emilio, il y a un homme, Mussolini, dont l’ordre du jour a triomphé. Celui-là me plaît beaucoup. Son révolutionnarisme est le mien, je devrais dire, le nôtre, c’est-à-dire, celui que l’on appelle classique ». Mussolini a alors vingt-neuf ans. Est-ce lui qui va prendre la relève ? Amilcare Ciprian ajoute : « À ce vaillant Mussolini il manque ceci, tout simplement c’est d’être à la fois socialiste et syndicaliste. Comment peut-on être socialiste révolutionnaire, sans être syndicaliste ? »

Amilcare Ciprian décède en 1918. Il ne voit donc pas le triomphe de Mussolini qui crée les Faisceaux italiens de combat l’année suivante, en 1919, avec désormais cette question : comment peut-on, en si peu de temps, être socialiste révolutionnaire et fonder le mouvement fasciste ?

Antonio Scurati : « Le roman est la forme littéraire de la démocratie »

Grâce au précieux travail des chercheurs, nous connaissons tout – ou presque – de la vie des grands personnages de l’histoire contemporaine, à l’instar de Benito Mussolini. Dès lors, comment raconter autrement et intéresser le lecteur d’aujourd’hui, le faire rentrer pleinement dans cette histoire qui concerne ses ancêtres proches ? « Le romancier doit flairer l’air du temps. Comment le percevoir ? C’est le défi. Il rentre dans les détails de la vie quotidienne et intime de ses personnages et jouer des contrastes qui ont un intérêt pour le récit et non pas pour l’essai historique. En cela, lorsqu’il s’intéresse à l’histoire, le romancier doit faire preuve d’une grande humilité car il se vide de son intérieur pour se placer entièrement derrière elle », confie le romancier italien Antonio Scurati.

Certains romanciers passionnés d’histoire font le pari de changer le genre littéraire pour réussir à transmettre plus facilement la mémoire des événements passés aux jeunes générations. En effet, un style délié qui donne la parole à de multiples narrateurs et qui multiplie les points de vue permet d’ancrer la narration dans le réel. Les mythes qui entourent ces grandes figures sont alors déconstruits. « Il y a toujours eu une alliance entre l’art du récit et la connaissance historique. Aujourd’hui, il faut renforcer cette coalition car elle peut permettre que les gens connaissent bien leur histoire mais, encore plus important, qu’ils connaissent le sentiment de l’histoire », affirme Antonio Scurati.

Toutefois, en associant des éléments fictionnels à des documents d’archives, ces auteurs parviennent-ils à rendre compte d’une réalité historique ? Où se situe la frontière entre l’histoire et la fiction ? Pour éclairer les subtiles nuances entre le roman et l’essai d’histoire, nous recevons le romancier italien Antonio Scurati : « Si j’ai lu toutes les études sur le fascisme, je ne suis pas historien. Dans mes lectures, j’ai inclus la mémoire fasciste car je voulais raconter le fascisme de l’intérieur, par le prisme des fascistes eux-mêmes, en laissant de côté toute l’iconographie classique – assez typé – de Mussolini : créer une narration sur la base des sources historiques tout en maintenant en haleine le lecteur dans un flux, comme s’il était présent ».

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